article de l'humanité

Publié le par rey charles


Envoyer Imprimer Politique - Article paru
le 2 janvier 2009

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Les ratés du CTP en passe d’être consacrés

Dans les Ardennes, les ex-ouvriers de Thomé-Génot qui ont repris des emplois sous-rémunérés devront attendre plusieurs mois avant de toucher les compensations financières promises.


Laissé en déshérence pour marquer la « rupture » au sommet de l’État, le contrat de transition professionnelle (CTP), un dispositif de traitement social du chômage, imaginé sous le gouvernement Villepin, réservé aux licenciés économiques des entreprises de moins de 1 000 salariés et expérimenté depuis avril 2006 dans sept bassins d’emploi considérés comme particulièrement sinistrés, connaît, à la faveur de la crise, un spectaculaire retour en grâce. À maintes reprises depuis septembre, évoquant son projet de l’étendre à Renault Sandouville, La Redoute à Roubaix ou la CAMIF à Niort, Nicolas Sarkozy a vanté « l’efficacité » de ce système de « sécurisation des parcours professionnels », qui garantit à cette catégorie de chômeurs une indemnisation améliorée par rapport au système général (80 % du salaire brut dans l’emploi perdu, contre 57,4 %) pendant douze mois, contre des obligations renforcées en matière de formation et de recherche d’emploi. Dans les prochains jours, le gouvernement doit par décret élargir à 25 au total le nombre de bassins d’emploi où le CTP continuera d’être expérimenté.


C’est sous cette pression présidentielle que les syndicats et le patronat ont, au cours de la négociation sur l’assurance chômage (lire aussi ci-dessus), voulu rapprocher du CTP la convention de reclassement personnalisé (CRP), le dispositif général d’assurance chômage pour les licenciés économiques des entreprises de moins de 1 000 salariés.

Malgré cette agitation autour de la « sécurisation des parcours professionnels », la parole des principaux bénéficiaires de ces mesures peine à se faire entendre. Ainsi, après avoir déjà dénoncé à de multiples reprises l’intox sur le taux officiel de reclassement à l’issue du CTP, les anciens ouvriers des ateliers d’estampage Thomé-Génot à Nouzonville (Ardennes) viennent de lever un nouveau lièvre : alors que, d’après des indications concordantes issues d’études de la DARES ou des comités de pilotage locaux du dispositif, entre 60 % et 70 % des chômeurs qui reprennent un emploi dans le cadre du CTP subissent des pertes de salaire non négligeables (entre 200 et 500 euros), une allocation temporaire dégressive est censée venir compenser pendant deux ans cette sous-rémunération.

Or, selon Yannick Langrenez, président de l’association des anciens de Thomé-Génot, « cette mesure, véritable pierre angulaire du CTP, n’est manifestement plus financée ». Déjà pénalisés par un système qui conforte la précarité et les bas salaires, les ex-métallos qui attendaient pour fin décembre ou début janvier le versement de sommes échelonnées entre 1 500 et 2 000 euros viennent d’apprendre qu’ils ne toucheraient pas leur dû avant le printemps, « faute de crédits dédiés ». Dans ces conditions, en lançant un appel à l’organisation d’une table ronde consacrée au CTP et enfin ouverte aux expériences vécues des chômeurs dans ce dispositif expérimental, Yannick Langrenez interroge : « L’État a-t-il vraiment les moyens d’un dispositif qu’il entend généraliser ? »

T. L.

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