Encore une entreprise dans les Ardennes en sursis

Publié le par rey charles



Tournes / Dépôt de bilan et redressement judiciaire
Sopap : soixante-huit emplois en sursis

La Sopap est en redressement judiciaire pour quatre mois.
 A Tournes, l'avenir des 68 salariés de cette entreprise
de mécanique est compromis.

DEUX syndicalistes (CFE-CGC et CFTC) de la Sopap (Tournes) nous ont contactés hier pour nous annoncer que leur entreprise avait déposé le bilan et qu'elle était en redressement judiciaire.

Entre découragement et écœurement, ils ont préféré garder l'anonymat, « pour avoir les coudées franches ».

Que pouvez-vous dire de la situation de l'entreprise ?
« Le patron a essayé de revendre à plusieurs reprises. Maintenant c'est le dépôt de bilan et le redressement judiciaire. On se demande si ça ne l'arrange pas finalement. L'entreprise n'a pas su s'adapter au marché et créer de nouveaux produits. La crise a bon dos ! Les pertes s'accumulent depuis cinq ans maintenant. J'ai croisé un commercial qui m'a dit : Je suis content d'être parti, je savais que ça finirait comme ça… »

Et vous, comment vous expliquez cette « descente aux enfers » ?
« La Sopap, créée ici, est une unité spécifique. Elle a permis la création d'une filiale en Allemagne, puis d'une autre en Espagne avant que ces deux sociétés ne deviennent indépendantes. À chaque fois, c'est nous qui avons tout financé. Il y a eu aussi la Sopap USA, avec deux dépôts de bilan, que nous avons renflouée. Maintenant, on est en train d'étouffer la Sopap France et nos politiques acceptent ça. On se demande si l'on n'est pas en train de vivre un nouveau Thomé-Génot. Plus l'entreprise va mal, plus tout le monde paraît content ! »

Quel intérêt pourrait-on avoir à faire disparaître une entreprise créée en 1973 ?
« Un intérêt financier ! Des salaires jugés trop élevés, des acquis sociaux qui disparaîtraient. Après, il suffirait de créer une nouvelle entreprise avec des salaires au ras des pâquerettes et des subventions des collectivités ! Avec les impôts des contribuables, bien sûr ! »

Où en sont les effectifs ?
« En 2005, nous étions 86, en 2009 nous ne sommes plus que 68 (NDLR : CDD, CDI et intérim). Pour nous, tous ces emplois, dans deux mois il n'y en a plus ! Depuis 2005, on en est à sept dossiers aux Prud'hommes. »

Les salaires continuent à être versés ?
« Le salaire de mars a été payé en deux fois, avril n'a pas été payé mais on a reçu un acompte de 80 % pour mai, c'est à n'y rien comprendre. Dans deux mois, on doit se revoir au tribunal, à Paris (NDLR : le siège de la Sopap se trouve à Paris). Les salaires payés chaque mois sont une condition de l'administrateur pour poursuivre ou pas le redressement judiciaire. C'est une mort programmée ! »

Il y a le chômage partiel aussi…
« Le chômage partiel, on le ressent comme un moyen de pression en fonction de notre degré de soumission. La situation et l'annonce du dépôt de bilan n'ont provoqué aucun mouvement social dans l'entreprise.

Beaucoup craignent que, s'ils réagissent, la boutique ferme. Alors personne ne bouge. C'est comme un rouleau compresseur. Ici vingt personnes se partagent la moitié de la masse salariale… ça vous donne une idée de comment ça se passe ».

Recueilli par Valérie LÉONARD



L'Association de Thomé Génot  espère que cette entreprise continuera à travailler, pour ne pas que ses salariés viennent rejoindre au chomage les Thomé Génot - Ardennes Forge - Lenoir et Mernier - Sopal -.

Sans compter les entreprises en sursis et ceux qui ont licenciés dans l'indifférence total.

Nous sommes solidaires avec ses salariés et nous leur adressons un soutien amical. 



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