15 jours de surcis pour l'entreprise

Publié le par rey charles

Bogny-sur-Meuse 

Lenoir-et-Mernier : de l’argent détourné ?

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Le tribunal de commerce a accordé hier un ultime sursis de 15 jours à Pascal Massena pour réunir les fonds nécessaires à la reprise de Lenoir-et-Mernier à Bogny-sur-Meuse. Mais les 130 salariés, désabusés, n’y croient plus. D’autant que le parquet a chargé la police judiciaire d’enquêter sur de possibles malversations financières.
PHOTO : Lassés d’être baladés, les salariés auraient préféré être fixés sur leur avenir dès hier.

Les 130 salariés de Lenoir-et-Mernier restent dans l'attente. Hier, le tribunal de commerce a accordé un sursis de 15 jours au principal candidat repreneur. Mais les observateurs comme les salariés sont sceptiques.

«DES experts indépendants ont examiné, durant deux jours, le plan de reprise Massena et il s'avère que les conclusions ne sont pas bonnes, tant sur le plan financier qu'au niveau de la stratégie industrielle. Le projet ne tenait pas la route » (Pierre Cordier).
« Il ne fallait pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes » (Erik Pilardeau). « On va essayer de trouver des solutions, mais il ne faut surtout pas se tromper sur les responsabilités. Ce sont les anciens dirigeants qui ont laissé l'entreprise là où elle est aujourd'hui » (Philippe Vuilque).
Faisant fi de leurs dissensions politiques, les élus de divers bords se montraient très sceptiques, jeudi soir, après la réunion, en préfecture, portant sur l'examen du plan de reprise ficelé par Pascal Massena.
Aucune collectivité locale n'avait, en tout cas, voulu suivre les orientations proposées par le candidat repreneur.
Pierre Cordier, vice-président du conseil général, résumait la situation sans se bercer d'illusions : « Il faut se montrer responsable. On ne peut pas dilapider l'argent public à fonds perdus ».
Malgré cela, le tribunal de commerce de Charleville-Mézières a voulu accorder une ultime chance à Pascal Massena en lui offrant, hier, un sursis de 15 jours pour trouver les fonds nécessaires au montage financier d'un projet de redressement solide. Un laps de temps durant lequel les salaires seront garantis.
Paradoxalement, à la sortie de l'audience, le personnel qui, dès le matin, avait occupé trois sites de production, n'a pas apprécié cette décision.
Lassés d'être baladés, les salariés auraient, semble-t-il, préféré être fixés sur leur sort. « Encore 15 jours à jouer aux fléchettes » a hurlé l'un d'eux.
Des réactions qui témoignent du degré de confiance des « Lenoir-et-Mernier » pour l'avenir de leur outil de travail.
Reste, comme l'a rappelé, Me Xavier Medeau, que « ce renvoi à quinze jours reste un mince espoir pour les salariés. Même s'ils sont conscients que c'est l'ultime recours. Si, le 7 février, Massena n'a pas bouclé son plan, c'en sera fini de Lenoir-et-Mernier. D'ici là, vous serez des spectateurs ». L'industriel, lui, croit largement en ses capacités « pour relever la tête ». « A condition de rester unis et d'obtenir la confiance des fonds d'investissements et de trouver 350.000 €. Soit en vendant des bâtiments, soit en cherchant d'autres cautions ».
Pascal Massena veut profiter à plein de la quinzaine qui lui reste pour « convaincre et mobiliser, tout en redonnant confiance à nos clients et fournisseurs ». Une mission franchement difficile…

Pascal Remy



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Des soupçons de malversation

« J'ai demandé une enquête pénale qui a été confiée, il y a quinze jours, au Service régional de police judiciaire de Reims, afin de vérifier si des malversations et des délits ont été commis dans cette entreprise. Si tel était le cas, il y aurait alors des poursuites pénales » nous a déclaré, hier, Francis Nachbar.
Avocat des salariés, Xavier Médeau confirmait, d'ailleurs, un peu plus tard, la démarche entreprise par le procureur de la République. « Une décision qui va dans le bon sens. Il a conscience des enjeux humains et veut faire la lumière absolue sur ce qui a pu se passer dans cette entreprise pour aboutir à une telle déconfiture. On a d'ailleurs déjà eu des approches avec les services du parquet et de la police judiciaire »
L'avance remboursable de 300.000 euros versée par le conseil général aux Ets Jayot pour la relance de cette activité à Gespunsart est bien sûr dans le collimateur de la justice. Erik Pilardeau, conseiller général à Monthermé, a pour sa part, fait savoir qu'il entendait « intervenir auprès du Département pour que des poursuites soient engagées contre un dirigeant de Lenoir-et-Mernier ».
Le maire de Bogny-sur-Meuse se satisfaisait d'avoir entendu « qu'il y aurait des procédures judiciaires pour bien comprendre comment on en est arrivé là. Car certains ne méritent peut-être pas de sortir indemnes de cette affaire ».
Les salariés, en tout, cas sont devenus méfiants. La preuve : d'ici le 7 février, le personnel des différents sites de production a affiché sa volonté d'éviter un éventuel pillage.

P. R.



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« Il faut arrêter de jouer avec les salariés… »

Pierre Cordier, vice-président du conseil général
« Le président du tribunal, souverain en la matière, a été prudent en laissant sa chance à Pascal Massena. Je suis quand même inquiet pour la suite. Il est temps d'arrêter de jouer avec les salariés… ».
Boris Ravignon, conseiller technique du Président de la République
« J'espère que cela ne se terminera pas par un terrible gâchis et qu'un maximum de personnes ne resteront pas au bord du chemin. Plus globalement, quand je vois que ce groupe a été constitué à coups de rachats divers à la barre du tribunal de commerce, je pense qu'une refonte des procédures collectives est nécessaire».

Erik Pilardeau, maire de Bogny

« Cette décision ne change rien au fond du problème. Comment ce repreneur va-t-il trouver, en 15 jours, ce qu'il a eu du mal à avoir en un an et alors que la plupart des sites n'ont pas de travail ? En attendant le désarroi des salariés est toujours là.
Alors qu'on mouille la chemise pour densifier nos zones d'activités et faire venir des entreprises comme Hermès, je constate amèrement que, par la faute de financiers, on plante l'avenir de 130 bonshommes. »
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Me Harir, avocat de Lenoir-et-Mernier et LCAB

« Aujourd'hui, il y a un repreneur qui a le mérite d'exister et qui a formulé des propositions concrètes. Le tribunal lui a laissé 15 jours pour peaufiner son offre.
Il doit tout de même réunir la somme d'un million d'euros à très court terme. On a déjà échappé à une liquidation judiciaire sèche des deux entités (Lenoir-et-Mernier et FAV-LCAB), mais le passif cumulé avoisine les dix millions d'euros. Ce n'est pas rien... »
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Michèle Leflon, conseillère régionale

« Il faut interpeller le Medef ardennais pour faciliter une reprise honnête et correcte, sans la moindre entourloupe pour les salariés. Pourquoi la mission Arcelor ne s'impliquerait-elle pas dans cette action de sauvegarde de l'emploi ? ».

Publié dans atg-association

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