article du pelerin sur le film thomé génot

Publié le par rey charles

     
publié le 02/10/2007
Jeudi 4 octobre, 23h sur France 2
Silence dans la vallée
Après "300 jours de colère" (2002), "Les prolos (2003) et "Femmes précaires" (2005), Marcel Trillat s'est intéressé à l'évolution du patronat industriel dans les Ardennes, avec "Silence dans la vallée".


















Pourquoi avoir clos votre cycle documentaire dédié au monde ouvrier sur la fermeture d'une usine ?

A l'origine, je voulais faire une sorte d'état des lieux de la classe ouvrière. En montrant la lutte exemplaire des salariés lors de la liquidation de la filature d'Hellemmes, dans la banlieue lilloise. Puis, en présentant la diversité du « prolétariat », enfin en évoquant la précarité du travail féminin. Je pensais avoir bouclé cette trilogie, mais il manquait quelque chose. Il fallait aussi parler des patrons et de la bourgeoisie. Des amis sociologues m'ont permis d'entrer en contact avec les habitants de Nouzonville, dans les Ardennes, et de raconter le destin d'une petite ville industrielle, laminée par vingt-cinq ans de déclin.

En quoi l'entreprise Thomé-Génot, à Nouzonville, est-elle emblématique ?

Elle permet de voir les conséquences de la mondialisation par le petit bout de la lorgnette. Thomé-Génot était une usine florissante détenue par la famille Dury depuis 1919. Une mauvaise gestion a entraîné un dépôt de bilan, suivi d'une reprise par un fonds d'investissement américain qui a pillé l'entreprise, avant de la mettre en liquidation judiciaire.
Cela renvoie à ce qui se passe dans beaucoup d'autres endroits en France.

Les personnes que vous interrogez se livrent avec authenticité. Comment avez-vous travaillé ?

En passant du temps dans la commune. J'ai rencontré des anciens ouvriers, des retraités, des chômeurs. Un lien de confiance s'est instauré. J'ai pu entrer en contact avec les Dury, anciens propriétaires de l'usine, au départ plus méfiants à mon égard. La façon dont madame Dury s'exprime, témoigne à quel point les patrons « à l'ancienne », qui eux aussi sont en train de disparaître, et leurs ouvriers, partageaient le même attachement à leur usine.

Ancien communiste, vous demeurez un journaliste militant. Quel message souhaitez-vous transmettre ?

Certains pensent que le démantèlement du tissu industriel en France est inéluctable, mais à qui profite cette évolution, à part quelques grosses fortunes ? J'aimerais que ce film fasse entendre un autre son de cloche que ce bourrage de crâne qui voudrait nous faire croire que la mondialisation et le libéralisme sans limites sont une fatalité.

Recueilli par Sabine Harreau dans le Pèlerin n°6513. Photo : Christoph
e Russel.

Publié dans atg-association

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